COMPTE RENDU
DE LA CONFÉRÉRENCE DESIGN. POVERTY. FICTION

I. Présentation de la conférence
de Stéphane Degoutin & Olivier Peyricot
EnsAD, 03/12/13

Dans le cadre du séminaire design en temps de crise initié par Francesca Cozzolino & Jean-Michel Bertrand, nous avonsreçu le 3 décembre dernier Stéphane Degoutin & Olivier Peyricot lors d’une conférence visant à nous présenter leur projet DESIGN. POVERTY. FICTION.

Stéphane Degoutin est artiste, écrivain, chercheur. Il conçoit des dispositifs artistiques, des textes théoriques, des lieux. Ses thèmes de recherche portent sur l’humanité après l’homme, la ville après l’espace public, l’architecture après le plaisir.

Il est l’auteur des films Mute, Empty & Cyborgs dans la brume, du blog Propositions/spéculations, cofondateur du Musée de l’imaginaire terroriste, du collectif Nogo Voyages, auteur du photoblog Lost in Créteil, co-auteur des installations en ligne Googlehouse et What Are You?, auteur de l’essai Prisonniers volontaires du rêve américain et de la structure de messages Here is where we meet.

Olivier Peyricot a dirigé la revue Mobile (1999-2002) avec Cédric Scandella & Chloé Braunstein, dont les objets étaient autant les questions d’espace: le stockage, de durée, le temps libre ou la proximité. Il écrit des ouvrages de design et développe des projets d’architecture, notamment avec Nicolas Dahan. En 2000, il crée l’Island Design Agency, avec des bureaux à Toulouse, et Paris, regroupant des architectes et des graphistes. Il créé des formes pour Michelin et des magasins pour la Mandarina Duck. Il a scénographié l’exposition Résidents 2003-2007 (Espace Electra, Paris), où étaient montrées des oeuvres de résidents des Récollets et de la cité internationale des arts. Il expose son travail dans D-Day, en 2005 au Centre Pompidou, au MoMA de New York ou encore dans Loud en 2008 à la galerie Tools.

On parle de lui comme un guerrier du design, travaillant à la fois à l’intérieur et en dehors du système. Son design dépasse la question du style pour s’intéresser, au-delà de l’ergonomie et de la fabrique d’objets, aux comportements, à un design en mouvement, évolutif.

Ils se réunissent en 2013 autour du projet DESIGN. POVERTY. FICTION. un festival, qui associe des communications scientifiques,des rencontres, des projections de films, un bar, des expériences de design et des propositions festives. Des théoriciens et des praticiens dialoguent sur la question des besoins humains fondamentaux, des richesses cachées, des formes d’exploitation du travail à interroger. Il est issu d’une réflexion entre designers et théoriciens et la forme à construire est offerte aux étudiants de 4e et 5e année et de Master de trois écoles d’art et design sen Europe: La Rietvelt, l’ESBA Angers & l’ENSAD Paris, qui en proposent le display, la part artistique et la programmation festive.

Les objectifs de ce projet complexe.

Initiation à la recherche dans le cursus du master. La thématique de DESIGN. POVERTY. FICTION. est un sujet dont les élèves doivent s’emparer en tant que futurs designers.

«En Mars 2013, le festival DESIGN. POVERTY. FICTION. célèbre le 40e anniversaire du premier choc pétrolier (mars 1973), qui marque l’entrée des pays occidentaux en crise permanente.»

«Après quarante ans de crise, rien n’indique une rémission. Faut-il se résigner par manque d’alternatives?»

Plusieurs options possibles:
→ on peut imaginer que les choses vont s’arranger par elles-mêmes
→ par manque d’initiatives nous allons devenir toujours de plus en plus pauvres.

Cette proposition pédagogique reposait sur l’intention d’apporter une réponse à la crise en regardant de façon critique le peu de réponse données au cours des quarante dernières années et en s’appuyant sur une hypothèse: le design est une arme de maintient de l’ordre (très perfectionnée), une pratique se jouant sans cesse de sa transparence, illusionniste savante sans le savoir.

Ce manifeste est rédigé au départ, en partant du principe que le design est un outil et pas seulement une pratique, un outil au service de quelque chose. Mais au service de quelle idéologie et de quelle vision de la société? En gardant en tête cette hypothèse que le design maintient l’ordre, on peut dès lors s’interroger sur quels ordres il agit? → Le design maintient tous les ordres, les choses telles quelles sont aujourd’hui. La société structurée, les pauvres au même endroit, les riches au même endroit, le design travaillerait à ce que le design ces choses là se maintiennent et s’agencent correctement les unes avec les autres. «Petit coup de pied donné dans la fourmilière avant même d’avoir construit la fourmilière.»

«DESIGNING POVERTY souhaite provoquer cette morale et ces esthétiques contemporaines en les confrontant à différentes quêtes existentielles parfois contradictoires, provocantes, voir à rebours. Objectif : un monde matérialiste à bousculer dans son imaginaire même.»

Les deux créatifs ont donc formulé leur proposition sur la base d’un manifeste dont ils ont convenu que «Questionner le monde matériel est pour nous quelque chose d’essentiel, c’est une question de recherche dans une école de design, mais aussi dans la pratique au quotidien en tant que designer, en tant qu’auteur, en tant qu’artiste. On prend le terme de design au sens large parce qu’on a des pratiques au delà de la conception, on est vraiment dans la notion de projet qui est le lieu commun de l’école puisqu’on s’y retrouve tous.»

Problématique: comment réinterroger
ce monde matérialiste à travers la pauvreté?


La pauvreté comme objet de design.

«DESIGNING POVERTY part du constat cynique que dans les sociétés occidentales hautement organisées, le retour de la pauvreté est un objet de design. La pauvreté se dessine, se conçoit. Serait-elle esthétique, serait-elle volontaire. Le nec-plus ultra de l’être bobo serait-il l’être pauvre?»

DESIGNING POVERTY: est-ce qu’il y a une question esthétique? Est-ce qu’il y une aspiration dans notre société pour cette question de pauvreté? Est-elle juste subie? ou fait-elle partie de l’esthétique actuelle, contemporaine, dans l’air du temps?
→ référence à «l’être bobo».

DESIGN. POVERTY. FICTION. expose des expériences de modes de vie, des hypothèses politiques et des dispositifs artistiques qui utilisent la pauvreté comme un matériau de projet. Faire de la pauvreté un lieu d’expériences.

S’intéresser à ce qui dans la notion de pauvreté a une potentialité positive, prendre la crise permanente de l’occident comme un matériel potentiel, d’alternatives, et non pas comme une sorte de fatalité. Ambigüité: car la pauvreté est vue d’un point de vue «petit bourgeois». Ainsi, il vaut mieux prendre ce sujet comme un terrain d’expériences, la notion d’expériences est importante dans le projet, il ne faut pas semer de fausses vérités, mais raisonner comme un designer, comme si on pouvait concevoir des modes de vie alternatifs d’un point de vue de designer et qui soient expérimentables et qui donnent lieu à des expériences de modes vie qui restent à l’état d’expérience, qui restent des tentatives, sans buts de démonstration.

«Un asservissement aux thèses de la frugalité et de l’ascétisme fera, selon nous, du design le chantre idéal du maintien de la pauvreté. Cette nouvelle pauvreté fait le jeu d’un nouveau marketing. Où est passée l’idée que le designer pouvait être au service de l’homme?»

«Comment réinventer des modes de vie? Comment réinventer l’humain? Y-aurait-il d’autres projets, au-delà du retour en arrière à une économie de survie ou en deçà du matérialisme exponentiel, surexploité par le capitalisme d’apparence hédoniste : quel espace de pensée et d’imaginaire?»

«Mechanical Turk, néo-primitivisme, culture punk, hard discount, vie dans le désert, potlatch, discours contradictoires de l’aide humanitaire, salariat VS aides sociales…»

«Modes de vies qui nous intéressent, quelques approches jetées en vrac, pas un discours académique, mais à travers ces exemples voir comment avec des associations rapides et barbares d’idées on peut fabriquer la pensée.»

Concrètement réunion de 3 écoles de design:
SANDBERG → Master de la Rietvelt (Amsterdam)
ESBA → École des Beaux-Arts (Anger)
ENSAD → École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (Paris)

3 écoles avec des cultures, des approches et des pédagogies très différentes, étudiants extrêmement différents. Faire un mélange et voir ce qu’il se passe. En amont, 6 workshops avec les étudiants:

Workshop 1
DESIGNING THE ACADEMIC SEMINAR
Prendre le modèle du colloque académique pour le repenser. Designer: repenser la forme extrêmement instituée et parfois contre-productive qu’est le colloque universitaire et appliquer dessus des outils de design:

→ conférences
→ perturbations
→ sélection de films
→ musique
→ fête
→ nourriture

DESIGN. POVERTY. FICTION
→ évènement qui dure 48h et mélange tous ces éléments.

Workshop 2
MIXING THE ACADEMIC WITH THE NON ACADEMIC
Invités universitaires, académiques mélangés avec des invités non académiques. Organisateurs, artistes invités pour les workshops, intervenants invités pour les conférences: designers, artistes, sociologues, philosophes…

Projet de logo → graphisme → Romée de la Bigne & Basile de Gaulle → volonté de faire quelque chose de très cheap. II. Références 1/2

DESIGNING POVERTY → Paris Hilton→ STOP BEING POOR
→ difficulté à construire un discours dessus
Whole Earth catalog→ objet important et accompagnant le festival, référence essentielle, catalogue de survie des années 60 (sorte de pré-internet). «Technique relativement, simple, pauvre pour agglomérer les choses ensemble et faire sens!»
→ agglomération de références. Outils pour s’émanciper. «Réinventer la société à partir de rien.» Revue Shelter→ Équivalent du Whole Earth Catalog mais pour l’habitat. Donne de multiples exemples de constructions bon marché, à faire soi-même → idée de communautés.

Medellin urbanismo social→ Exposition au Pavillon de l’Arsenal qui eu lieu du 22/09/2011 au 23/10/2011 qui présente des alternatives intéressantes. Interventions modestes mais coordonnées entre elles, avec peu de moyens, mais efficaces.

Vincent Beaubois→ théorise sur la figure du pauvre au moyen-âge. Le dit des Ribauds de Grève → production poétique sur le thème du pauvre, brutalité, spontanéité.

Le Dit des ribauds de Grève
Pauvre, te voilà bien en point!
Les arbres dépouillent leurs branches
et d’habit tu n’en as point,
aussi auras-tu froid aux hanches.
Qu’il te faudrait maintenant pourpoints,
surcots fourrés avec des manches!
En été tu gambades bien,
l’hiver tu traînes tant la jambe!
Cirer tes souliers ? Pas besoin:
tes talons te servent de planches.
Les mouches noires t’ont piqués,
à présent c’est le tour des blanches.

Ci encoumence li diz des ribaux de grève

Ribaut, or estes vos a point:
Li aubre despoillent lor branches
Et vos n’aveiz de robe point,
Si en aureiz froit a voz hanches,
Queil vos fussent or li porpoint
Et li seurquot forrei a manches!
Vos aleiz en eté si joint,
Et en yver aleiz si cranche!
Vostre soleir n’ont mestier d’oint:
Vos faites de vos talons planches.
Les noires mouches vos ont point,
Or vos repoinderont les blanches.


Le pauvre fait partie de la société, il est un objet d’étude et donne lieu à un regard. Image de Saint François d’Assise qui durant toute sa vie a fait la promotion de la solidarité aux pauvres, aux démunis, aux marginalisés. Il dénonca les injustices et s’opposa à toute appropriation.

Gens qui pratiquent la pauvreté au quotidien comme une posture de vie. John Zerzan→ est l’un des principaux intellectuels qui défend le néo-primitivisme. Selon cette théorie, on aurait perdu depuis le néolithique une grande partie de notre qualité de vie. → théorie sur le retour à l’état primitif. Nous sommes actuellement dans une période où il y a le plus de communautés utopiques, toutes ses théories sont des terrains intéressants face à la crise.

Comment concrètement peut-on combiner des postures de ce genre avec la société actuelle? Posture de combinaison, mode de vie alternatifs. Posture punk→ affirme et revendique la faiblesse, la disgrâce. Posture à l’encontre des postures habituelles, retrait de la société → dérives sur le phénomène punk à chien → vivent vraiment la pauvreté, page wikipédia! Phénomène en recrue d’essence, mode de vie qui fonctionne.

Black bloc→ manifestation où l’on se rend non identifiable, phénomène de disparition visuelle. Disparition du social par la neutralité. Masse sortie de la société. Notre Dame des Landes Les gens se mettent volontairement dans des conditions de vie précaires, camp retranché, groupes de jeunes présents depuis 2 ans, passent des hivers dans la boue etc… pour défendre un mode vie, militants pour un mode vie alternatif ! Nébuleuse. Rapport à un espace extrêmement difficile. Personnes qui pratiquent leur engagement et leur idée de la société et donc pratiquent le design dont il ont besoin.

Communauté utopique anarchistes→ [La Colônia Cecília est une communauté libertaire qui a vu le jour au Brésil en 1890 dans l’État du Paraná. C’est l’aspect le plus connu de l’anarchisme italien au Brésil et sa première manifestation.]

Question de manière très frontale de la survie et de la société à partir de rien.

The crisis, revue de Robert Owen,→ Robert Owen pense que cette crise est un élément dont il va sortir quelque chose, qui va produire une nouvelle société. «For the change from error and misery, to truth and hapiness.» Shakers→ [Les convictions puritaines des Shakers leur ont fait développer un style propre de mobilier, dépouillé de tout ajout décoratif. Longtemps considéré comme purement utilitaire, le mobilier Shaker a ces dernières années attiré l’attention de designers qui y voient une préfiguration du minimalisme actuel. Aux États-Unis, les Shakers sont essentiellement connus pour cette raison, bien davantage que pour leurs opinions religieuses, et les meubles shakers d’époque se vendent à des prix très élevés.]

Fouriéristes→ Mouvement issu des théories de François Marie Charles Fourier, né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837 (à 65 ans) à Paris, est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du socialisme critico-utopique, dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les années 1830.

Background du festival + grand nombre de communautés intentionnelles aujourd’hui:

Dancing rabbit eco village→ [La culture de la communauté intègre le féminisme, le respect pour les arts, la décision par consensus, la non-violence et de la communication non-violente. Le désir commun de durabilité de l’environnement sous-tend toutes les décisions du Dancing Rabbit Eco Village. La communauté se présente comme un exemple viable de vie durable et vise à diffuser sa vision grâce à des visites, des stages, des échanges de travail, des publications académique et des conférences.]

Modes de vie alternatifs → n’est pas une période révolue de l’histoire, mais est très présente et très active !

Heurter des références qui ont à priori un rapport éloigné.

III. Compléments & infos sur le workshop

Workshop projecting / Christian Barani
1er workshop en préparation au festival.
Travail sur l’espace de projection. «Un workshop pour créer des dispositifs de projection ou de monstration de l’image en mouvement comme alternatives au White cube ou à la Black box, avec comme matière première une sélection de films de la One Minutes Foundation.»

Workshop high tech keynote / cédric Scandella
2e workshop
«Un workshop dédié à la mise en forme high-tech d’idées, de concepts ou d’aventures humaines autour de la pauvreté et de l’expérimentation. S’inspirant des stratégies de communication comme l’exposé, la tribune, la Key Note, la Ted, la conférence de presse, le showcase, l’allocution, le lancement de produit».

Workshop Cut Up / The One Minutes Foundation
3e workshop
«Réalisés avec la collection de 30 000 vidéos de 1mn de la One Minutes Foundation, Cut Up sont des intermèdes, des coupures publicitaires, des piratages respectueux.»

Workshop Low Tech Conf / Frédéric Danos
4e workshop
«Frédéric Danos propose de développer un ensemble d’interludes low-tech, supports et illustrations de concepts à connaître, d’idées formidables sur le thèmes de la pauvreté, du travail et de la fiction.»

Workshop festi. space / Stéphane Barbier-Bouvet
5e workshop
«Mettre en espace le festival et l’enrichir par la construction. Ce sera une façon d’accueillir les publics, de vivre les idées, de partager des intuitions politiques et sociales. Le projet fera usage des restes, tentera le recyclage et l’astuce, occupera le bâtiment et sa périphérie, se pensera en rapport avec la ville et les habitants d’Hornu.»

Grand Hornu

Grand Hornu→ lieu du festival, poche de pauvreté d’Europe, situé au coeur d’une région extrêmement sinistrée depuis la fermeture des mines et la fin de l’activité industrielle (essentiellement textile) dans la région. Grand Hornu→bâtiment dédié à la réparation des outils et animaux. Architecture du 19e siècle. Grand ovale central, bâtiment monumental, rénové de manière magistrale. Ancienne écurie comme lieu d’intervention.

Instigateur du projet architectural
→ Monsieur Gorge, rapport très patriarcale à ses ouvriers.

En 2002, le Grand Hornu devient un musée d’Art Contemporain. Il est situé à côté de l’Hyper Cora «2 choses qui s’imposent comme une vision actuelle de l’Europe» → très mauvaise gestion des espaces.
Pas d’aménagement de la ville. Réalité urbaine très dure!

«Envie d’inviter les gens du coin à assister aux conférences mais… personne n’est venu.» Mauvaise organisation du festival, méconnaissance du projet par le public, difficulté à entrer en contact avec le public. Sorte de dialogue de sourds… hostilité. Paradoxe: programme de centre d’art développé dans des territoires pas forcément destinés à les recevoir. Centre d’art déconnecté de son contexte.

Concevoir le festival. Espace où l’on fabrique le festival et où l’on vit pendant toute la durée du festival. Idée initiale
→ lieu de vie où cohabitent 50 étudiants. (dortoirs, salon, stands d’accueil…) ouvert au maximum sur l’extérieur.
«Pour différentes raisons ça ne s’est pas passé comme ça.» Références 2/2

24h Foucault → transformer le palais de Tokyo pendant 24h, espace dédié à Foucault.

Économie zéro, politique zéro→ pendant 48h, interventions, conférences, expériences…

«Pas mal de monde est venu»

Grand Hornu → espace où vie et production se mélangent, pas de possibilité de dormir sur place → temps de transport très long → bureaux collectifs, aménagement de travail, mélanger le plus possible les choses ensemble. → BAR, BAR, BAR, → 3 bars qui constituaient l’espace, (bar à boisson, bar à films et bar à conférence) → promenades, discussions, conférences… déambulation.

Scénographie de l’espace entièrement réalisée avec matériaux récupérés sur les lieux. Récupération mais entièrement fonctionnel! «Il y a toujours un évènement en continu et d’autres évènements en parallèle possibles.» Liberté d’usage assez maximale de l’espace. «20 choses différentes peuvent se passer à la fois sans gêner qui que ce soit.»

Espace de projection de film → en libre service, film, livre…

Conférences en français ou en anglais mais toutes traduites!

Salle de cinéma → 200%→ Olivier Bosson & Nicolas Boone

Temps forts

Ernesto Rosa → conférence sur le système D → notion d’auto-construction, stratégie individuelle que les gens inventent pour survivre.

Le concert légume (étudiants du sandberg). Légumes jouent la musique, échanges électriques des légumes + chorégraphie de «très bon gout», bonne ambiance.

Projets des intervenants

Mechanical Turk → fait appel aux internautes pour effectuer de petites tâches très peu payées. Dans les pays pauvres, le principe pourrait générer un revenu complémentaire: plateforme de micro travail. Micro tache rémunérées.

Olivier Peyricot → Radis noir, projet de jeunesse. Construction d’un camion pour aller au contact des sans abris en hiver. Accueil des sans-abris, projet utopique, distribution de boisson chaudes → 200-300 personnes par nuit. Contact extrêmement fort et déroutant sur les questions du minimum vital et sur la réalité du «paris by night», endroit où la population vit dans des conditions extrêmes, prostitution, trafic de drogue, maladie, violence. Population très hétérogène et déroutante pour les sociologues ou les designers habitués à travailler avec une population définie.

Olivier Bosson → conférence sur le «filmer sans argent». Film avec peu de budget mais de très bonne qualité, manière très singulière de faire du cinéma. Culture pauvre. Phrase «tout à 80%» slogan «Faites tout à 80%», vient comme un leitmotiv puisqu’il y a impossibilité de faire le film parfait.

Interlude dynamique, perturbations du discours académique, perturbation du système → «pause pipi» de Medhi → inciter à aller aux toilettes. Comment nous faire sortir de la conférence? Donner une autre entrée à la conférence.

Conclusion

Discours, texte de synthèse rédigé avec regard journalistique. Puis à venir, préparation d’une publication qui retranscrit, résume l’évènement. Aspect plus théorique. DESIGN. POVERTY. FICTION fut une expérience avec pour idée principale de réunir des démarches différentes. Ce festival donnera lieu à d’autres expériences. La réunion de beaucoup d’étudiants a été dynamique et intéressante. Travail d’organisation assez lourd et assez long, beaucoup de logistique, gestion de lieu et d’évènement. Démarche épuisante. À l’avenir, formules moins ambitieuses qui mettront plus l’accent sur le fond que sur la mise en forme.

Quelle réception? Quel débat suscité sur cette notion de pauvreté? (question du public)

Question de pauvreté a fait débat dès le départ, car associer pauvreté au design est très complexe. Sommes-nous auteur de plus de pauvreté? Il y a t’il une pérennisation du système? Créer de la pauvreté en négatif. Vision globale de l’action du designer. C’est une question profonde car elle a un impact sur l’autre. D’où on regarde la pauvreté? → en tant que designer, en tant qu’européens, dans un contexte d’écoles assez luxueuses … questionnement fort de la pauvreté. Du coup, la question de la pauvreté a été plus envisagée comme un champ exploratoire, comme une utopie… Possibilité théorique : écrire et penser autour de la pauvreté. Ouvrir des champs, des possibilités. L’idée de la conférence, du festival, est de poser des balises au loin, «on les voit, on les repère, on sait qu’il y aura quelque chose à faire qu’on pourra traiter plus tard». Permet de faire de la pédagogie.

DESIGNING POVERTY, titre original → double sens
→ le design serait un complice de la production de pauvreté vs le design comme création d’utopies et d’expériences
→ Ambigüité, se faire rencontrer deux approches différentes
→ stimulant!

Anecdotes

Le premier titre → DESIGNING POVERTY, fut refusé par les organisateurs. Peur que le titre soit vu de manière cynique par le public, par la population environnante.

DESIGN. POVERTY. FICTION → Titre moins direct et moins accrocheur. Titre → DESIGNING POVERTY reste un titre dur mais certainement plus stimulant «intellectuellement que design poverty fiction, on a pas pris ça comme une censure mais une sorte de négociation avec le réel.»

Futur projet, sera lié à des questions similaires mais aura une approche plus précise, certainement plus accentuée sur la question du néo-primitivisme. Etudiants volontaires.

Au départ le choix de la ville (pour installer le festival) s‘est posé sur la ville de Denain, ville la plus pauvre de France, où le FN à fait un score incroyable. Ville de Denain pas loin de Roubaix. Mais finalement choix s’est porté sur le Grand Hornu, avantage de la place, coté fonctionnel, même si Denain aurait été plus intéressant (il y aurait sûrement eu un projet plus participatif).

DESIGN. POVERTY. FICTION. → Apporter quelque chose de bien qui ne soit pas condescendant. Pas de conférences sur les pauvres, chez les pauvres! Ne pas être stigmatisé. Recherche d’une forme créative → «on a brainstormé un p’tit peu». Conférence didactique sous la forme de la keynote à la Steve Jobbs → conférence assez facile, qui vous parle assez facilement.

«On pense qu’on peut designer la conférence aujourd’hui, pour lui faire dire des choses, pour aller vers des publics. Comme en graphisme, les conférences peuvent prendre différents niveaux de lecture.»